Et si on parlait des artistes bruxellois ?
Aujourd’hui, je voudrais rebondir sur une actualité qui a été passée sous silence et qui, pourtant, aurait mérité le détour : cet été, se sont terminées deux grandes expositions dans deux des principales institutions culturelles de la capitale, en l’occurrence les Musées Royaux des Beaux-Arts et le Palais des Beaux-Arts. Ce qui est remarquable, selon moi, c’est que ces deux expos simultanées étaient dédiées à deux artistes bruxellois contemporains, à savoir Johan Van Mullem et Michel François, et qu’elles ont rencontré un beau succès populaire. Pour Johan Van Mullem, par exemple, on peut estimer que plus ou moins 100.000 personnes ont découvert ses créations. C’est évidemment considérable…
Cela me permet de rappeler ici à quel point les créateurs bruxellois, de naissance ou d’adoption, ont marqué l’histoire de l’art et que les Bruxellois devraient en être beaucoup plus fiers. En ce qui concerne les beaux arts, citons Pierre Brueghel l’ancien, Antoine Wiertz, Constantin Meunier, Victor Horta, René Magritte, Marcel Broodthaers, Roger Somville et Pierre Alechinsky. Une sélection tout à fait subjective évidemment. Puis, en-dehors des beaux arts, notamment au 20ème siècle, nombreux furent les concepteurs bruxellois de grand renom, comme Hergé, Brel ou Arno. Enfin, de nos jours, qu’on le veuille ou non, qu’on les aime ou pas, des personnalités comme Angèle, Stromae, Philippe Geluck ou Jaco Van Dormael représentent Bruxelles…
Bref, je suis intimement convaincu qu’il y a une spécificité de l’artiste bruxellois comme il y a une spécificité de l’artiste flamand ou de l’artiste wallon. Prenons le cas de Johan Van Mullem : vu son parcours de vie, il symbolise parfaitement ce qu’est l’artiste bruxellois d’aujourd’hui. Né en 1959 au Congo, brugeois de souche, belge de cœur, architecte de formation, cet artiste autodidacte est d’abord et avant tout bruxellois. De nombreux séjours à l’étranger ont fait de lui l’artiste multiculturel et pluridisciplinaire qu’il est maintenant. Voilà une marque tellement bruxelloise. Et pourtant, il est plus connu à Paris, à Londres ou à New York qu’à Bruxelles. Grâce au programme Remedies, initié par les Musées Royaux des Beaux-Arts pour valoriser les artistes bruxellois, Johan Van Mullem a donc enfin pu être prophète dans son pays.
De toute façon, je ne peux que vous conseiller de découvrir les artistes qui incarnent aujourd’hui l’identité bruxelloise. Et j’invite les leaders politiques qui portent à l’extérieur l’image de la Région de Bruxelles-Capitale de s’entourer davantage d’artistes bruxellois. Si vous croisez Rudi Vervoort, Sven Gatz, Ans Persoons ou Rachid Madrane, n’hésitez pas à leur dire…
Paul Grosjean
Chroniqueur / Auteur / Narrateur
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