C’était au temps où Ixelles était la capitale mondiale de l’opéra…
Récemment ont eu lieu les 5e Journées du Matrimoine dont l’ambition est de mettre en lumière l’héritage des femmes dans l’Histoire de Bruxelles. C’est ainsi qu’à l’initiative de Fanny Paquet, une visite guidée a mené les Bruxelloises et les Bruxellois sur les traces des femmes artistes à Ixelles. Et parmi ces femmes artistes, il y avait Maria Malibran qui fait partie des « TRÉSORS DE BRUXELLES »…
En réalité, celles et ceux qui fréquentent, à Ixelles, le quartier de la Place Flagey connaissent sans doute la Rue Malibran et, peut-être, la Petite Rue Malibran. Mais toutes ces personnes savent-elles qui est réellement Maria Malibran ? En réalité, « LA » Malibran, comme on l’appelait à l’époque, incarne pour l’éternité la diva romantique. Elle fut « LA » cantatrice du 19e siècle comme Maria Callas fut celle du 20e siècle. Fille du grand ténor andalou, Manuel Garcia, elle naquit le 24 mars 1808, sous le règne de Napoléon Ier, à Paris. Ensuite, elle vécut notamment à Naples, à Londres, à New York. Et c’est précisément à New York qu’elle rencontra le Franco-Américain Eugène Malibran qu’elle finit par épouser à l’âge de 18 ans et dont elle garda le nom jusqu’à la fin de sa carrière (même si leur mariage fut de courte durée).
Malgré sa voix singulière, Maria Malibran connut une popularité incroyable à travers le monde, séduisant par son sens de la tragédie des personnalités comme La Fayette, Alexandre Dumas, Lamartine, Musset, Chopin ou George Sand. Elle parcourut toute l’Europe pour chanter, entre autres, les plus grands compositeurs italiens : Rossini, Bellini, Donizetti. Et c’est en tournée en Angleterre qu’elle fit une mauvaise chute de cheval. Elle décéda de ses blessures à Manchester le 23 septembre 1836, à seulement 28 ans, soit plus ou moins le même âge de décès que d’autres stars du rock comme Jim Morrison, Janis Joplin ou Amy Winehouse…
En ce qui concerne la Belgique, c’est en 1829, sous la période hollandaise, que la Malibran découvrit notre pays. C’est à ce moment-là, au Château de Chimay, qu’elle rencontra le compositeur belge, Charles-Auguste de Bériot, premier violoniste de Guillaume Ier, Roi des Pays-Bas. Immédiatement, ce fut le coup de foudre entre nos deux artistes qui eurent un enfant, Charles-Wilfrid de Bériot, futur grand pianiste et futur professeur de Maurice Ravel. Bref, nos deux amants se marièrent et s’installèrent à Ixelles dans cet immeuble qui n’est autre que l’actuelle Maison Communale de la Place Fernand Cocq. Ce pavillon fut la dernière demeure de la Malibran.
Au décès de son épouse, Charles-Auguste de Bériot, totalement dévasté, fit rapatrier son corps pour l’installer dans le mausolée créé par le sculpteur Guillaume Geefs au cimetière de Laeken (que certains comparent d’ailleurs au cimetière du Père Lachaise à Paris). Signalons enfin qu’outre la Rue Malibran et la Petite Rue Malibran à Ixelles, il y a une Salle Malibran au Théâtre Royal de la Monnaie.
Paul Grosjean
Chroniqueur / Auteur / Narrateur
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