Il faut sauver le soldat Sablon
Comme l’a indiqué Le Soir, le projet remanié d’Immobel au Sablon, intitulé projet Lebeau, a reçu, d’urban.brussels, son permis d’urbanisme. Situé à l’extrémité de la Place du Grand Sablon, cette promotion vise au redéveloppement des anciens locaux de la RTT, inoccupés depuis 2019. Rappelons qu’Immobel a été contraint de revoir sa copie à plusieurs reprises durant les 4 dernières années. Aujourd’hui, à la suite des multiples échanges avec les autorités locales, les riverains et les comités de quartier, le projet en est revenu à des proportions beaucoup plus équilibrées. Il semble enfin accepté par toutes les parties prenantes. Si ce n’est l’Association du Patrimoine Artistique, dernier îlot de résistance, qui envisage des recours au Conseil d’Etat. Souhaitons que les représentants du promoteur et ceux de l’association retrouveront le chemin du dialogue afin de finaliser ce projet essentiel pour la survie du Sablon. Rappelons que cet endroit fait partie des plus beaux quartiers historiques de Bruxelles…
Selon les historiens, le « sablon » était une sorte de sable fin qui, au Moyen Âge, recouvrait une colline située au sud des remparts de Bruxelles. En ce qui concerne le quartier, sa première trace remonte à 1299 lorsque l’Hôpital Saint-Jean transféra son cimetière sur cette colline. Cinq ans plus tard, l’hôpital céda ce terrain au Grand Serment des Arbalétriers qui allait y élever un oratoire dédié à Notre-Dame. Telle est l’origine de l’Eglise Notre-Dame des Victoires du Sablon, marquée par le style gothique flamboyant et dont le chantier proprement dit fut lancé au début du 15e siècle. Les travaux de rénovation furent, quant à eux, exécutés aux 19e et 20e siècles selon le principe de l’unité de style cher à l’architecte français Viollet-le-Duc. A partir de là, le quartier du Sablon put se développer définitivement avec, notamment, la place du Grand Sablon, le square du Petit Sablon et les rues avoisinantes…
C’est vers la fin des années 60’ que le Sablon prit sa tournure actuelle lorsque les antiquaires investirent le quartier. En réalité, les brocanteurs ne restèrent pas longtemps seuls puisqu’ils furent rapidement rejoints par les restaurateurs, les confiseurs, les bijoutiers, pour le plus grand bonheur des « promeneurs du dimanche ». Aujourd’hui, la proximité des Marolles amène un public plus populaire au Sablon comme, inversement, les Marolliens voient déambuler dans leurs ruelles les « snobinards » d’à côté. Bref, je vous encourage à vous balader du Palais d’Egmont à l’Eglise Notre-Dame de la Chapelle en passant par le Petit Sablon et le Grand Sablon. A moins que vous ne bifurquiez vers la droite et que vous vous rendiez au numéro 37 de la Rue Lebeau afin de visiter l’Hôtel Frison créé en 1895 par Victor Horta et rénové par Tron Nupur, cette Indienne tombée amoureuse de l’Art nouveau bruxellois. N’hésitez pas à l’interroger sur le fameux projet Lebeau. Elle aura sûrement des choses à vous dire…
Paul Grosjean
Chroniqueur bruxellois
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