Chronique n° 30 du 2 avril 2024

Bernard de Launoit ou la quintessence de l’esprit métropolitain

Il y a tout juste un an disparaissait Bernard de Launoit, figure marquante du monde des arts et de la culture à Bruxelles et en Belgique. Pour perpétrer sa mémoire, sa veuve, ses quatre enfants et ses amis viennent de lancer la Fondation Bernard de Launoit qui entend encourager les jeunes aux quatre passions qui l’animaient, à savoir la musique, les arts plastiques, le cinéma et la montagne. Cet anniversaire me fournit l’occasion de rappeler à quel point Bernard de Launoit (qui aurait eu 60 ans cette année) incarnait cet esprit métropolitain dont Bruxelles devrait toujours s’inspirer…

Bernard de Launoit est né le 18 février 1964 à Ixelles. Il est le fils de Jean-Pierre de Launoit (1935-2014) qui fut, avec Albert Frère, un des leaders du Groupe Bruxelles Lambert, qui présida pendant 25 ans le groupe RTL et qui fut Président du Conseil d’Administration du Concours Reine Elisabeth. Et il est le petit-fils de Paul de Launoit (1891-1981) qui dirigea la Banque de Bruxelles. Grand ami de la Reine Elisabeth, celui-ci fit construire la Chapelle Musicale à Waterloo. Il fut en réalité le plus grand mécène du Concours Musical à ses débuts…

C’est en 1989 que Bernard de Launoit accéda à l’univers de la culture. Après avoir été assistant au Musée d’Art Contemporain d’Anvers, il rejoignit la célèbre galerie bruxelloise Isy Brachot où il se spécialisa dans la peinture surréaliste belge. En 1994, à 30 ans, il devint Directeur Général de Christie’s Belgique, poste qu’il occupa jusqu’en 1999. A partir de là, sa vie se partagea entre Bruxelles et Paris, se répandant dans différents domaines artistiques. Il intégra notamment l’Orchestre des Champs Elysées de Philippe Herreweghe. Il fut également l’un des fondateurs et le Vice-Président de la Fondation Magritte, partenaire des Musées Royaux des Beaux-Arts dans la création du Musée Magritte. Par ailleurs, il produisit de nombreux documentaires au travers des 2 sociétés de production qu’il avait cofondées : Alizé Production à Bruxelles et Arctic Productions à Paris.  C’est ainsi qu’en 2003, à l’occasion du 50e anniversaire de la première ascension, il mit sur pied la plus grande expédition filmée de l’Everest. Il fut aussi l’un des actionnaires du fameux cycle de conférences Exploration du Monde. Citons encore ses multiples contributions à la Société Philharmonique de Bruxelles, au festival Ars Musica et à l’association Music Fund.

Mais c’est à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth à Waterloo qu’il laissa sa plus grande empreinte. Pendant une vingtaine d’années, il y joua un rôle majeur en pilotant la refondation de l’institution chère à sa famille. Il s’attela à élargir et à professionnaliser la structure en s’appuyant sur des partenaires culturels de qualité et sur une équipe surmotivée par ses projets. En 2015, la Reine Paola, Présidente d’Honneur de la Chapelle Musicale, inaugura l’Aile de Launoit dédiée à la formation des jeunes musiciens à la scène.

Tout à la fois entrepreneur culturel, travailleur infatigable, leader charismatique, compagnon optimiste, Bernard de Launoit participa de manière significative au rayonnement de Bruxelles en tant que métropole internationale. Son champ d’action ne se limita évidemment pas aux seules 19 communes. Il fut présent dans le Brabant wallon, dans le Hainaut, jusqu’à Paris et même au-delà. Comme son père, il prit part à la diffusion de la culture francophone à travers le monde. Son obsession était la recherche et la transmission de l’excellence. Il est clair que Bernard de Launoit manque à Bruxelles et à la Belgique auxquelles il aurait pu encore beaucoup donner. Si ce n’est que grâce à la fondation éponyme, son esprit est toujours là. Difficile d’imaginer plus bel hommage à sa mémoire…

Paul Grosjean

Chroniqueur bruxellois

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