Chronique n° 43 du 1er juillet 2024

Jean Washer (1894-1972), père de Philippe, fut une des légendes tennistiques du Royal Léopold Club

C’était au temps où le Léo était la capitale du tennis belge…

Ce dimanche 30 juin 2024, avec la victoire du Hollandais Max Houkes, s’est achevée, dans les installations du Royal Léopold Club, à Uccle, la première édition du LiveRamp Brussels Open. Ce retour d’un tournoi international de tennis en Région de Bruxelles-Capitale peut être considéré comme un événement dans la mesure où la dernière compétition « outdoor » de ce niveau dans la métropole bruxelloise eut lieu en 1981, précisément au Léo. Outre cet élément factuel, ce LiveRamp Brussels Open nous rappelle surtout que le Royal Léopold Club incarne les heures les plus glorieuses du tennis belge… 

Le Royal Léopold Club, qui est sis au numéro 42 de l’Avenue Adolphe Dupuich à Uccle et dont le Président n’est autre que le célèbre architecte Philippe Verdussen, est le cercle le plus prestigieux de Bruxelles et, peut-être, de Belgique. Certains prétendent aussi que c’est le plus beau de la capitale de l’Europe. Il faut dire que ce territoire de plus de 5 hectares en pleine zone urbaine est une véritable oasis de verdure.

En vérité, tout a commencé en 1893, à l’initiative d’une douzaine de passionnés, dont le capitaine Robert Reyntiens, qui choisirent le nom de Léopold Club en l’honneur du Roi Léopold II. A sa naissance, le Léo, comme on disait déjà à l’époque, était un club de… foot ! La « section tennis » n’apparut que cinq ans plus tard. Et c’est en 1905 que la « section hockey » fut fondée. Les trois sections étaient alors situées au Parc Brugmann dans l’espace mis à disposition par la famille éponyme. Finalement, en 1952, la SA Léopold-Club, grâce à une augmentation de capital, put acheter 5,5 hectares de terrain à la famille Brugmann, devenant ainsi propriétaire de toute son infrastructure et provoquant le départ de sa « section football ». Durant la même année, la société fit construire le fameux court central de tennis (qui n’existe plus à l’heure actuelle). Aujourd’hui, le Royal Léopold Club est le cercle le plus titré du pays en hockey (à l’instar d’Anderlecht en foot). En tennis, il compte, et de loin, le plus grand nombre de joueurs ayant été champions de Belgique. C’est maintenant un club omnisport où cohabitent près de 3.000 amateurs de hockey, de tennis, de padel, de fitness et de bridge. Beaucoup de ces personnes font partie des familles qui sont membres du club depuis plusieurs générations.

En ce qui concerne plus spécifiquement le tennis, l’histoire du Royal Léopold Club fourmille de grandes compétitions, internationales ou nationales, de la Coupe Davis à l’Open de Belgique en passant par le Championnat de Belgique, la Coupe de Borman et le Tournoi de l’Espérance. Savez-vous qu’en 1922, le club organisa le championnat du monde sur terre battue qui consacra la légendaire Suzanne Lenglen chez les femmes et le génial Henri Cochet chez les hommes ? En 1930, ce fut le tournoi du centenaire de la Belgique gagné par un autre mousquetaire, Jean Borotra en l’occurrence, tandis qu’en 1935, le Britannique Fred Perry remporta celui de l’Exposition Universelle. Et comment ne pas citer les nombreuses (plus de soixante) rencontres de Coupe Davis avec, comme points d’orgue, les demies-finales de la zone européenne en 1953 et en 1957, contre l’Italie chaque fois ? En 1957, il avait fallu agrandir le mythique Central pour satisfaire une petite partie des demandes du public. Heureusement, Luc Varenne était là pour tenir en haleine les innombrables cohortes de supporters n’ayant pas pu accéder à l’enceinte uccloise. C’est ainsi que notre célèbre radioreporter resta cinq heures à l’antenne de l’INR le dimanche pour commenter le double entre Washer-Brichant et Pietrangeli-Merlo. Signalons enfin que le Léo mit sur pied, entre 1969 et 1981, plusieurs tournois « open » au cours desquels les amateurs belges vinrent applaudir des joueurs de la trempe d’Arthur Ashe, d’Ilie Nastase, de John Newcombe, d’Adriano Panatta, d’Yvan Lendl. Souhaitons aux organisateurs du LiveRamp Brussels Open de grandir dans les années à venir et d’accueillir au Léo des champions comme Carlos Alcaraz ou Jannik Sinner. Pour que ces organisateurs soient dignes de leurs illustres prédécesseurs…

Paul Grosjean

Chroniqueur bruxellois

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