Quand l’Ommegang retrouve ses marques…
L’Ommegang est à Bruxelles ce que le Palio est à Sienne, c’est-à-dire une procession séculaire se déroulant sur une place mythique et marquant l’identité de la ville. Ce n’est pas par hasard si l’on parle ici de « Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité » selon les critères de l’UNESCO. En tout cas, cette année, pour relancer cette tradition interrompue par le covid, Paul Le Grand, Président de l’Ommegang Brussels Events, a mis les « petits plats bruxellois dans les grands ». Never change a winning team… La fine équipe était au rendez-vous avec, notamment, Giles Daoust, Thomas de Bergeyck, Jo Lemaire et Bert Kruismans. Cette fois-ci, il n’y avait pas de héraut mais une héraldesse en la personne de Josiane Balasko. Après avoir été accueillie dignement par Philippe Close et Delphine Houba, la célèbre comédienne française s’acquitta de sa mission avec la gouaille qu’on lui connaît. Bref, toutes ces personnalités furent à la hauteur de l’Histoire de l’Ommegang…
En réalité, les origines de l’Ommegang remontent à 1348. Il s’agissait au départ d’une procession organisée par le grand serment des arbalétriers en l’honneur de Notre-Dame des Victoires du Sablon, la puissante protectrice de la Ville de Bruxelles. Ensuite, très vite, les différents corps constitués de la Ville allaient se joindre à la fête pour transformer l’événement en un cortège essentiellement mondain. C’est ainsi que le 2 juin 1549, l’Ommegang célébra l’entrée dans notre capitale de Charles Quint et de son fils, le futur Roi Philippe II. L’idée du magistrat de Bruxelles était clairement de montrer à l’empereur la puissance économique et militaire de la cité brabançonne.
En déclin au 18e siècle, ayant été supprimé à la Révolution Française et n’ayant connu que deux représentations au 19e siècle, l’Ommegang fut recréé en 1930, à l’occasion du centenaire de la Belgique, grâce au soutien du Bourgmestre Adolphe Max. C’est à partir de ce moment-là que l’événement se donna pour but de reconstituer la fastueuse entrée de Charles Quint dans Bruxelles en 1549. Interrompue durant la Seconde Guerre mondiale, la manifestation devint annuelle en 1957.
L’Ommegang, dans sa version actuelle, reste profondément inspiré de la version de 1930. Le parcours commence à la Place du Grand Sablon par le tour de l’église et se termine par un spectacle éblouissant sur la Grand-Place. On dénombre environ 1.500 figurants en costume d’époque, dont plusieurs dizaines de cavaliers, de drapeaux, d’échasseurs, de géants, de marionnettes, de chars. Sans compter les descendants des illustres familles qui composaient la procession en 1549. En réalité, l’Ommegang renforce, non seulement les sentiments identitaires des groupes qui le composent, mais aussi, plus largement, l’identité bruxelloise en tant que telle. Il est toujours bon de se souvenir que, du temps où Charles Quint habitait au Palais du Coudenberg, Bruxelles était tout simplement la capitale du monde…
Paul Grosjean
Chroniqueur bruxellois
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