Chronique n° 51 du 26 août 2024

Le 3 septembre 1944, Bruxelles se libérait des nazis…

A l’occasion des 80 ans de la libération de Bruxelles, le cinéma Vendôme projettera, du 3 au 5 septembre 2024, quatre documentaires sur la résistance européenne durant la Seconde Guerre mondiale. Ces films sont issus du superbe projet « Les trous de la mémoire » initié par l’auteure et réalisatrice Patricia Niedzwiecki il y a 25 ans et ayant pour but de donner la parole aux résistants qui n’avaient pas encore livré leurs secrets. Ceux-ci ont ainsi pu s’exprimer pour la première fois et, hélas, peut-être, pour la dernière… En tout cas, ces témoignages poignants offrent, notamment aux jeunes générations, l’opportunité unique de réfléchir, avec le recul historique, à la situation actuelle en Europe. Et c’est pour moi l’occasion de rappeler ces journées de septembre 1944 qui ont marqué l’Histoire de Bruxelles…

Pour les Belges, la libération du joug nazi débuta en réalité le 6 juin 1944 par le débarquement des alliés sur les plages de Normandie et se termina précisément le 25 janvier 1945 par la fin de la Bataille des Ardennes. Entre ces deux dates, il y eut la libération de Bruxelles dont la valeur géostratégique doit être relativisée mais dont la portée symbolique fut énorme, tant les souffrances endurées par les Bruxellois furent importantes durant les quatre années d’occupation.

Dès le 1er septembre 1944, soit à l’avant-veille de l’entrée des alliés à Bruxelles, les 60.000 résistants de l’Armée secrète (dirigée par le Général Pire) avaient lancé de nombreux sabotages destinés à perturber l’armée allemande. De son côté, le Maréchal Montgomery avait adressé à ses troupes un message très clair : « Foncez, foncez ». Dans Bruxelles, c’était déjà la débandade des unités nazies qui quittaient la capitale dans la précipitation la plus totale. Pour ne pas devoir emporter des dossiers encombrants, celles-ci avaient mis le feu à la coupole du Palais de Justice. La réaction des populations bruxelloises fut exemplaire. Une longue chaîne de solidarité se mit en place pour évacuer les documents qui pouvaient être sauvés…

Pendant la soirée du 3 septembre 1944, les troupes anglaises pénétrèrent dans Bruxelles par la Chaussée de Mons. La foule était tellement dense que les tanks du Général Aider devaient ralentir. Quant aux Américains, ils arrivaient par le sud de la capitale. Tout le monde convergeait vers la Grand-Place en arborant le V de la victoire à la manière de Churchill. Les combats entre les soldats allemands et les résistants belges étaient sporadiques. Ils se tenaient principalement au Parc du Cinquantenaire et à la Gare du Midi.  Mais ils ne durèrent pas longtemps. Bruxelles était enfin libérée des barbares…

Le 4 septembre 1944, ce fut au tour de la brigade du Colonel Piron d’arriver à Bruxelles. Cela constitua pour beaucoup de Belges une véritable révélation. Comme les Parisiens face aux soldats français de la 2e DB du Général Leclerc, les Bruxellois purent découvrir que des compatriotes combattaient dans l’armée alliée. Deux jours plus tard, le gouvernement Pierlot réintégra la Rue de la Loi. L’apothéose de cette folle semaine eut lieu le dimanche 10 septembre 1944 dans le quartier des Marolles (ayant spécialement souffert de par les rafles de ses habitants juifs). Avec l’humour qui les caractérisaient, les « zwanzeurs » procédèrent à l’enterrement fictif d’Adolphe Hitler. A Bruxelles, tout se termine dans la bonne humeur…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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