Constantin Chariot, nouveau seigneur des anneaux… Atoma !
Constantin Chariot fait partie de ces personnages flamboyants dont la métropole bruxelloise a besoin pour rayonner à travers l’Europe. Historien de l’art, ce fringant quinqua bruxellois a un parcours très éclectique mais très cohérent puisque toujours placé sous le signe de l’activité artistique. Flutiste à ses heures creuses, il fut notamment expert en art pour la Banque Belfius à Luxembourg, conservateur des Musées de la Ville de Liège, directeur de la Salle des Ventes Pierre Bergé au Sablon, cofondateur de la Galerie de la Patinoire Royale à Saint-Gilles. En ce mois de septembre, il est entré dans une nouvelle dimension en inaugurant (en grande pompe) l’Espace Constantin Chariot (situé à Forest à proximité du Wiels dans le « Tribeca bruxellois »). En association avec l’architecte Gilles Dehareng, il est en train de redonner vie à cet immeuble de 3.600 m2 qui sera tout à la fois galerie, atelier, bibliothèque, résidence. Racontons la saga de ce superbe bâtiment industriel dont l’histoire se confond avec celle des fameux cahiers Atoma…
C’est en 1923 que Georges Mottart créa sa papeterie à la Rue Pierre Decoster, du nom du Bourgmestre de Forest de 1872 à 1876. A l’époque, en tant que grossiste en papeterie, il achetait et revendait des fournitures scolaires. Mais il fabriquait aussi des cahiers à spirale. C’est ainsi qu’en 1948, il lança un produit révolutionnaire, le cahier avec anneaux en plastique inventé par André Tomas et André Martin dont il avait acheté le brevet. A + TO + MA, le nom était trouvé. Le succès fut immédiat avec le petit cahier ou cahier de taille A5 qui offrait une organisation optimale grâce aux feuilles amovibles reliées entre elles par onze anneaux. La gamme se développa ensuite avec le Quatro et l’A4. Atoma fut protégé par un brevet pendant une cinquantaine d’années. Ensuite, profitabilité oblige, il fut copié. Heureusement, cela n’empêcha pas la success story de se poursuivre, l’original étant toujours préféré à la copie…
Aujourd’hui, l’entreprise se concentre uniquement sur ses produits propres. Atoma (qui se veut plus ludique et plus pratique) est disponible dans toutes les tailles et dans toutes les couleurs. 75% de la production est réservée au marché belge. Tout provient maintenant de Dilbeek. Cela montre, une fois de plus, que les manufactures historiques quittent le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale. Heureusement, Atoma reste une société belge. Et, selon Gwennaëlle Gribaumont de La Libre Belgique, l’Espace Constantin Chariot s’annonce déjà comme un lieu incontournable du paysage artistique de Bruxelles…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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