Chronique n° 64 du 18 novembre 2024

En plus de 150 ans d’existence, le Concert Noble est sans doute l’espace qui a accueilli le plus de bals à Bruxelles… (copyright : Edificio).

Quand le Concert Noble se démasque

Ce samedi 23 novembre 2024, Edificio (société spécialisée dans la gestion événementielle de lieux patrimoniaux) fête ses 25 ans d’existence en organisant un bal masqué dans le cadre du Concert Noble au numéro 82 de la Rue d’Arlon. Si vous avez la bonne idée de participer à cet événement « spécial », non seulement vous contribuerez à la bonne cause, en l’occurrence à Caring Hat de Fabienne Delvigne, mais aussi vous aurez l’occasion de découvrir cet endroit exceptionnel qu’est le Concert Noble. Dans la perspective du Bicentenaire de la Belgique, cet espace pourrait devenir un bel outil de relations publiques pour la Région de Bruxelles-Capitale. Tout comme d’autres Trésors de Bruxelles bien sûr…

En réalité, le concept du Concert Noble remonte à l’époque autrichienne, précisément à 1785. C’est alors que l’archiduchesse Marie-Christine d’Autriche et son époux Albert de Saxe-Teschen chargèrent le gouverneur général des Pays-Bas autrichiens de créer une société en vue d’organiser des rencontres réservées aux membres de la noblesse. A l’origine, il s’agissait d’une salle située dans le Parc de Bruxelles. Elle servait de lieu de concert et de danse pour la haute société bruxelloise. Près d’un siècle plus tard, en 1873, tandis que le Royaume de Belgique en était à ses balbutiements, la Société du Concert Noble décida de quitter le Parc de Bruxelles. Avec le soutien de Léopold II, elle se lança dans la construction, dans le Quartier Léopold, d’un « endroit de standing » pour Bruxelles.

La mission de concevoir cet espace « très select » fut confiée à Henri Beyaert (1823-1894), grand architecte belge du XIXe siècle, qui créa de nombreux bâtiments emblématiques de Bruxelles dont, notamment, l’Hôtel de la Banque Nationale de Belgique. Bref, le Concert Noble était désormais installé dans le Quartier Léopold, quartier central de Bruxelles qui se développa rapidement au XIXe siècle, particulièrement grâce à l’essor de la bourgeoisie et de l’aristocratie. La salle de bal, la salle de concert et les autres salons étaient décorés dans le style Louis XVI pour refléter cette élégance et ce goût artistique de l’époque, avec des ornements somptueux et des lustres imposants. La salle de bal était l’apothéose avec ses 15 mètres sous plafond et ses 400 m2. Bien vite, le Concert Noble devint un haut lieu de la vie mondaine de la capitale. Après la Seconde Guerre mondiale, les salons prestigieux de la Rue d’Arlon accueillirent encore le Roi Baudouin, Lord Mountbatten, le Président des Etats-Unis, George W. Bush, ou même le Dalaï-Lama…

En 1982, le bâtiment fut acquis par les Assurances du Boerenbond (ABB). Il fut classé le 27 octobre 1983. Dans la foulée de ce classement, des travaux de restauration furent exécutés entre 1985 et 1988. Quelques années plus tard, en 2009, la société Edificio acquit l’immeuble avec comme mission d’assurer la préservation de tels biens patrimoniaux en vue de les transmettre aux générations futures. L’affectation événementielle du bâtiment fournit les moyens de le pérenniser. Le Concert Noble est utilisé comme salle de réception pour des événements privés, des mariages, des conférences et des événements d’entreprise, tout cela dans le strict respect de son charme d’époque. Et maintenant, Didier Goffart, fondateur d’Edificio, prépare, avec le célèbre architecte Francis Metzger, la nouvelle rénovation qui a pour objectif de remettre l’édifice dans son pristin état de 1873. De quoi mettre en valeur le Bicentenaire dans de bonnes conditions…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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