Chronique n° 77 du 17 février 2025

Après le Marché au Bois à Bruxelles, Bas Smets va s’occuper du Parvis de Notre-Dame de Paris (copyright : Shutterstock 2558932139)…

Bas Smets plaide pour le respect des procédures

Comme je l’écrivais il y a deux semaines, la  Secrétaire d’Etat au Patrimoine du Gouvernement (en affaires courantes) de la Région de Bruxelles-Capitale est parvenue, en un tour de main, à se mettre à dos tous les milieux patrimoniaux, qu’il s’agisse du secteur associatif (ARAU, Quartier des Arts,… ) ou de la vénérable Commission Royale des Monuments et Sites. En fait, en ce qui concerne le groupe sculpté La Maturité et son square (dénommé Marché au Bois), Ans Persoons a décidé de préférer la procédure de sauvegarde à la procédure de classement. Cette décision a fortement énervé les parties prenantes (puisqu’elle permet le déplacement de la statue). Par ailleurs, les arguments de type « wokiste » qu’elle a utilisés pour justifier son refus de classer ont provoqué la réaction outrée de nombreuses personnalités, de Dorian de Meeûs à Jean de Codt en passant par Werner Adriaenssens et Isabelle Pauthier. Ceci étant dit, il n’est pas exact de considérer que toutes les personnes concernées se soient exprimés sur le sujet. En effet, on n’a pas encore entendu la position du célèbre architecte-paysagiste Bas Smets. Vainqueur du concours initié par la Ville de Bruxelles, celui-ci travaille, depuis quatre ans, à son projet intitulé les Coteaux du Pentagone (qui inclut le réaménagement du Marché au Bois abritant la sculpture La Maturité). Il a accepté, en exclusivité pour la newsletter Trésors de Bruxelles, de livrer son point de vue…

Absence de débat démocratique, aucune concertation préalable, décision prise unilatéralement, pas de Plan B réaliste, en lisant la presse, Ans Persoons a dû être déprimée. Mais tous ces avis correspondent-ils à la réalité ? Bas Smets s’inscrit en faux contre cette version des faits. « Il est tout à fait inexact de dire qu’il n’y a aucune transparence dans le projet que je développe, depuis quatre ans, pour la Ville de Bruxelles en concertation avec la Région de Bruxelles-Capitale. Nous avons rencontré à de multiples reprises les parties prenantes. Le 22 juillet 2022, nous avons présenté le projet chez Urban.Brussels en la présence de la Commission Royale des Monuments et Sites. Lors de cette réunion, le déplacement de la sculpture, en accord avec la Ville de Bruxelles, a été acté. Le 14 octobre 2022, nous avons participé à la présentation, organisée par la Ville chez BNP Paribas Fortis, voisin du Marché au Bois. Enfin, le 12 janvier 2023, nous avons expliqué notre master plan au Conseil d’Administration de l’asbl Mont des Arts. A la suite de tous ces groupes de travail, nous avons ajusté notre projet pour le rendre consensuel. Cet important travail a été fait en tenant compte de tous les avis exprimés. Et quand la Ville a enfin introduit sa demande de permis de construire en 2024, toutes les instances étaient parfaitement au courant du projet qui s’était inscrit dans le processus habituel. »

Bref, Bas Smets a des difficultés à comprendre ce décalage entre les faits et les commentaires, même s’il reconnait qu’après le lancement du concours, la crise du Covid a pu parasiter le message. « C’est très dangereux et contre-productif, conclut notre architecte-paysagiste, de remettre en cause les procédures lancées. La conception et la réalisation de l’espace public dépendent du respect de ces procédures. La transformation de l’espace public ne peut être que l’aboutissement d’une démarche fondamentalement démocratique. Et tout cela ne peut s’envisager que dans le strict suivi des règles. » Il est temps qu’un organisme indépendant tente une médiation en mettant au tour de la table toutes les parties concernées. Avec de la bonne volonté, il doit y avoir moyen de trouver une solution équilibrée…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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