Napoléon à Bruxelles
Ce mercredi 22 novembre 2023, les dingues de grande histoire pourront enfin déguster le fameux « Napoléon » du réalisateur anglo-américain Ridley Scott (86 ans), avec Joaquin Phoenix dans le rôle de Napoléon et Vanessa Kirby dans le celui de Joséphine de Beauharnais. Cet événement cinématographique me fournit l’occasion de raviver les liens historiques qui ont uni l’Empereur à Bruxelles…
Quoi qu’on en pense, l’histoire qui amena Napoléon à Bruxelles ne fut pas reliée à la Bataille de Waterloo. En réalité, cet épisode est bien antérieur à 1815 puisqu’il remonte à 1798. C’était au temps où la Belgique était intégrée à la France et où Bruxelles était la capitale du Département de la Dyle. Bonaparte avait été chargé, à l’époque, par le Directoire, d’étudier la question de l’invasion de la France par l’Angleterre. Après avoir visité différentes villes côtières, notre général au bicorne fit un crochet par Bruxelles, avec sa première femme, Joséphine de Beauharnais en l’occurrence.
Il fallut attendre cinq ans pour que Napoléon, devenu entretemps Premier Consul et toujours accompagné de son épouse, revienne dans la cité brabançonne. Le couple fut accueilli en grande pompe à Bruxelles pendant près de 10 jours, du 21 au 30 juillet 1803. C’est à ce moment-là que le futur empereur posa deux gestes fondamentaux pour l’avenir de la Belgique. Il sauva de la destruction le Château de Laeken, en très mauvais état à l’époque, en le rachetant pour 507.861 francs. Et il chargea l’architecte français Louis-Emmanuel-Aimé Damesme de rénover le Théâtre de la Monnaie qu’il jugeait beaucoup trop vétuste. Vingt-sept ans plus tard, précisément le 25 août 1830, la Révolution Belge prenait son envol de la Monnaie lors de la représentation de la Muette de Portici, aboutissant à l’intronisation, le 21 juillet 1831, du Roi Léopold Ier, qui prit alors possession du Château de Laeken. Bref, les Belges peuvent remercier Napoléon. Précisons que sa dernière visite à Bruxelles eut lieu au mois d’avril 1810 lorsqu’il vint présenter à nos compatriotes sa nouvelle impératrice, Marie-Louise d’Autriche. Fâché par la froideur de l’accueil des Bruxellois, l’Empereur ne remit plus jamais les pieds dans la capitale du Département de la Dyle…
Pour en finir sur les liens entre Napoléon et Bruxelles, il me parait indispensable de citer deux grands peintres français. Il y a tout d’abord Charles Meynier (1768-1832). Son portrait Napoléon Bonaparte, Premier Consul est exposé dans le grand hall de l’Hôtel de Ville (dont la flèche est visible sur le tableau). Puis et surtout, n’oublions pas Jacques-Louis David (1748-1825) qui fut le premier peintre officiel de Napoléon Ier et qui mourut à Bruxelles. Si Le Sacre de Napoléon est à voir au Musée du Louvre à Paris, son autre chef d’œuvre, La Mort de Marat, est à retrouver à la Rue de la Régence, aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique. Rappelons que cette institution prestigieuse fut créée, le 1er septembre 1801, en tant que musée départemental de France, par un certain Bonaparte…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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