Chronique n° 25 du 26 février 2024

C’était au temps où Bruxelles Ensor… celait les artistes !

L’année 2024 marque le 75e anniversaire de la mort de James Ensor (1860-1949). En hommage à cet artiste incroyable et inclassable, la Bibliothèque Royale et les Musées Royaux des Beaux-Arts proposent, dans le Palais de Charles de Lorraine, l’exposition « James Ensor. Inspired by Brussels ». Celle-ci montre à quel point le maître ostendais fut impressionné par Bruxelles où il passa ses années de formation et avec qui il garda un lien privilégié tout au long de son existence. Incontestablement, les artistes, les intellectuels, les collectionneurs de la capitale influencèrent fortement le style très personnel d’Ensor…

C’est en 1877, à 17 ans, que James Ensor débarqua à Bruxelles en tant qu’étudiant à la prestigieuse Académie Royale des Beaux-Arts. Il s’installa précisément au numéro 12 de la Rue Saint-Jean, dans le cœur de la capitale du Royaume de Belgique. Il découvrit ainsi très jeune cette fantastique métropole, avec sa vie trépidante, ses nombreux cafés, restaurants, théâtres, cabarets, galeries et musées. Et il resta quand même trois années à l’académie bruxelloise, même si son programme lui paraissait démodé.

Après cet écolage, Ensor passa beaucoup de temps avec son ami ixellois, Théo Hannon, qui l’introduisit auprès de son beau-frère, Ernest Rousseau. Il se sentait tout à fait chez lui dans la maison d’Ernest où il rencontrait de nombreux intellectuels, scientifiques, artistes. Puis, en 1883, il participa, avec Octave Maus, à la fondation du Groupe des Vingt (ou les XX) qui se rebellait contre l’art académique. C’est à ce moment-là que Bruxelles devint le haut-lieu de l’avant-garde en Belgique. Et c’est dans les salons organisés par les XX qu’Ensor présenta ses œuvres les plus controversées (comme Les Masques scandalisés).

Mais il n’y avait pas que l’art dans la vie d’Ensor. A Bruxelles, il fut également confronté à la montée du socialisme et aux manifestations de masse. Les mouvements citoyens devinrent dès lors un thème récurrent dans son œuvre. Cette fascination trouva son point d’orgue dans sa toile emblématique L’Entrée du Christ à Bruxelles en 1889, aujourd’hui exposée au Getty Museum de Los Angeles.

Toutes ces histoires bruxelloises de James Ensor sont à apprécier dans le catalogue Ensor & Bruxelles édité par le Fonds Mercator. Nul doute que ce superbe livre contribuera à la publicité de Bruxelles jusqu’en Californie…

Paul Grosjean

Chroniqueur bruxellois

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