Chronique n° 29 du 25 mars 2024

Copyright : Philippe Delaunoy

Berthe Mayné, la survivante bruxelloise du Titanic

Jusqu’au 20 mai, à Tour & Taxis, le grand public est invité à découvrir l’incroyable exposition sur le Titanic. Ce parcours, à la fois éducatif et familial, se concentre sur les histoires marquantes des femmes et des hommes qui étaient à bord du légendaire paquebot le 14 avril 1912. Ces récits se déclinent au travers de nombreuses reconstitutions des lieux emblématiques du navire ainsi que de plus de 260 objets récupérés sur l’épave du RMS Titanic. Parmi toutes ces chroniques, celle de Berthe Mayné, la survivante bruxelloise du naufrage, m’a particulièrement touché…

Berthe Antonine Mayné est née le 21 juillet 1887, sous le règne de Léopold II, à Ixelles. Elle était chanteuse de cabaret et aimait fréquenter les épicuriens, amoureux de la bonne chère, si ce n’est de la bonne chair. C’est ainsi qu’elle fréquenta notamment un beau légionnaire du nom de Fernand de Villiers.

Durant l’hiver 1911, alors qu’elle se produisait au Café Métropole, Berthe fit la connaissance d’un jeune joueur canadien de hockey sur glace, Quigg Baxter en l’occurrence. Nos deux jouvenceaux furent rapidement épris d’amour. A un tel point que Quigg la persuada de le suivre jusqu’à Montréal afin de l’épouser dans son pays. Nos deux tourtereaux embarquèrent donc sur le Titanic à Cherbourg. Par mesure de précaution, afin de ne pas choquer sa mère et sa sœur qui l’accompagnaient et qui n’étaient pas au courant de leur idylle, Quigg l’installa, sous le faux nom de Madame de Villiers, dans une autre cabine, en première classe, toute proche du mythique Grand Escalier…

Le 14 avril 1912, à 11h40, soit quatre jours après son départ, l’étincelant navire heurta un iceberg au milieu de l’Atlantique. Il coula 2 heures et 40 minutes plus tard. Heureusement, entretemps, Berthe avait pu monter sur le canot n° 6 en compagnie de sa future belle-mère et de sa future belle-sœur. Elle avait voulu retourner dans sa cabine afin de récupérer quelques bijoux mais la fameuse Maggie Brown, immortalisée par le film de James Cameron, l’en avait dissuadée. Quigg, qui était resté sur le bateau, fit partie des 1.500 victimes du naufrage…

Après la tragédie, Berthe Mayné fut hébergée, pendant plusieurs mois, au Canada, par la famille de Quigg Baxter. Elle retourna ensuite en Europe et termina sa carrière de chanteuse à Paris sous le nom de « Bella Vielly ». Elle ne se maria jamais. Elle finit ses jours à Berchem-Sainte-Agathe, près de la Basilique, au numéro 54 de l’Avenue de Koekelberg. Elle mourut 50 ans après le drame, le 11 octobre 1962, alors que sa famille n’avait jamais cru en son tragique destin. Bref, c’est après son décès que ses proches purent découvrir enfin les preuves de son incroyable histoire. Et c’est récemment, à l’initiative d’un dynamique Titanicophile belge, Philippe Delaunoy pour ne pas le nommer, que la commune de Berchem-Sainte-Agathe, rendit hommage à la belle Bruxelloise en apposant une plaque au numéro 54 de l’Avenue de Koekelberg. Le voyage de Berthe se clôturait ainsi définitivement…

Paul Grosjean

Chroniqueur bruxellois

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