Chronique n° 32 du 15 avril 2024

Copyright : Shutterstock 2338740453

Pas de Bicentenaire sans Cinquantenaire

2030, c’est déjà demain. Il reste à peine 6 ans pour faire en sorte que les manifestations du Bicentenaire de la Belgique soient inoubliables. Telle est, en tout cas, l’ambition de l’asbl Horizon 50-200 qui vient de présenter son projet Horizon 2030 par l’entremise de son Président Bruno van Lierde. La volonté est que le site du Cinquantenaire devienne un nouveau « phare socioculturel » de Bruxelles et de la Belgique. Tout comme l’avait souhaité Léopold II au 19e siècle pour le même espace…

Le Parc du Cinquantenaire est un vaste pentagone d’une trentaine d’hectares, circonscrit entre les Avenues de la Joyeuse Entrée, de la Renaissance, de l’Yser, des Gaulois et des Nerviens. Propriété de l’Etat fédéral, il se situe presque entièrement sur le territoire de la Ville de Bruxelles. Parmi les principaux palais, citons les Arcades du Cinquantenaire, le Musée de l’Armée, le Musée de l’Aviation, Autoworld ainsi que les Musées Royaux d’Art et d’Histoire. Le site comprend également la Grande Mosquée (bâtiment conçu par Ernest Van Humbeek), le Pavillon des Passions Humaines (dû à la patte de Victor Horta et où l’on trouve le bas-relief monumental de Jef Lambeaux) et l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA) créé par Charles Rimanque ainsi que d’autres monuments et sculptures.

En fait, au 19e siècle, le site du Cinquantenaire, anciennement champ de manœuvres destiné à l’armée belge, s’inscrivait dans un projet d’urbanisme ambitieux porté par Léopold II, qui souhaitait mettre Bruxelles au diapason des grandes capitales européennes. Dès le départ, le parc et ses bâtiments devaient répondre à une double vocation : non seulement servir de lieu d’expositions temporaires mais aussi accueillir des collections d’art de manière permanente. De 1879 à 1904, année de sa mort, l’architecte Gédéon Bordiau fut responsable de la conception générale du parc et de ses bâtiments ainsi que de l’aménagement des diverses expositions amenées à s’y dérouler. En 1880, à l’occasion du 50e anniversaire de la Belgique, fut ainsi organisée l’Exposition Nationale. Ensuite, en 1888, ce fut le Grand Concours International des Sciences et de l’Industrie. Enfin, en 1897, l’Exposition Universelle constitua l’apothéose de cette première période. Par la suite, le chantier fut partagé entre les architectes Charles Girault (qui conçut l’Arcade du Cinquantenaire en 1904) et Léopold Piron. En 1905, on y fêta le 75e anniversaire de l’indépendance de la Belgique et en 1910, on y mit sur pied une autre Exposition Universelle. Parallèlement à ces événements et jusqu’en 1933, date de la fin des travaux, on procéda à l’installation des Musées Royaux.

C’est le 18 novembre 1976 que le site du Cinquantenaire fut classé. Suivirent l’arcade et l’hémicycle à colonnade en 1984, le Musée de l’Armée, les Musées Royaux d’Art et d’Histoire ainsi que l’Autoworld en 2004, l’IRPA en 2007. Aujourd’hui, malgré ces procédures de classement, le site est en mauvais état de conservation. Il est à espérer que le Bicentenaire pourra insuffler la dynamique nécessaire à la rénovation des lieux…

Paul Grosjean

Chroniqueur bruxellois

+32 477 336 322

paul@metropaul.brussels