Gallery of thrones
Si vous êtes passé(e) récemment dans la Galerie de la Reine, vous avez pu admirer un spectacle tout à fait étonnant. L’expo intitulée Toilet Tales proposait, en effet, au public de découvrir des toilettes transformées en œuvres d’art par huit jeunes artistes belges de renom. Au travers de cet événement original, deux associations de patients ont voulu briser les tabous sur les maladies chroniques inflammatoires de l’intestin (dont la maladie de Crohn). Ce n’est donc pas par hasard si Le Soir a titré : « Des trônes s’exposent dans la Galerie de la Reine ». A partir de cette boutade et en espérant que vous me pardonnerez, permettez-moi de vous raconter les liens historiques entre notre Famille Royale et ces galeries qui ne devinrent officiellement royales qu’en 1969…
En réalité, cette saga a commencé le 20 juin 1847 lorsque Léopold Ier inaugura les Galeries Saint-Hubert en compagnie de son épouse et de ses trois enfants : Léopold, Duc de Brabant, futur Léopold II, Philippe, Comte de Flandre, arrière-arrière-grand-père de notre Souverain actuel et Charlotte, future Impératrice du Mexique. Le premier Roi des Belges était très fier de célébrer ainsi les plus belles galeries du monde à cette époque, galeries qui se trouvaient à Bruxelles et qui surpassaient par leur éclat les passages parisiens. Cette inauguration fut le début d’une longue histoire d’amour entre les membres de la Famille Royale et ce passage historique, histoire qui est toujours en cours. Précisons que, depuis plus de 175 ans, l’espace qui attire le plus ces personnalités royales est sans doute le Théâtre des Galeries (que la Reine Elisabeth a fréquenté régulièrement, tout comme, par la suite, la Reine Astrid, la Reine Fabiola ou la Reine Paola). Et, souvent, il y avait au programme le « Mariage de Mademoiselle Beulemans » ou « Bossemans et Coppenolle »…
Au-delà de leurs présences officielles, les membres de la Famille Royale ont pu aussi nouer des contacts plus personnels dans ces galeries commerçantes. Ces relations privilégiées s’expliquent en partie par la concentration assez unique de Fournisseurs de la Cour de Belgique dans le passage bruxellois. Cela va de Neuhaus, l’inventeur de la praline, aux Savonneries Bruxelloises en passant par Leonidas, Godiva, Pierre Marcolini ou Delvaux. Cela signifie de facto que ces magasins sont fréquentés par des membres de la Famille Royale. Rappelons également que la première vitrine de la Maison Wolfers, Fournisseur de la Cour, était située dans la Galerie du Roi au 19e siècle. Et il est de notoriété publique que la Reine Astrid adorait la Ganterie Italienne, que notre Roi Philippe achète ses couvre-chefs chez Monsel ou que la Princesse Astrid se fournit à la Manufacture Belge de Dentelles. Autant d’enseignes qui incarnent au plus haut point l’artisanat bruxellois et qui sont la marque fondamentale de ces Galeries Royales…
Paul Grosjean
Chroniqueur / Auteur / Narrateur
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