Chronique n° 55 du 23 septembre 2024

Copyright : Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire

Le (très privé) Cercle Gaulois vous ouvre ses portes…

Permettez-moi de revenir sur la BBN (Brussels Biennale Neoclassic) organisée par Explore.Brussels et dont le programme des visites guidées me semble très alléchant. Je vous ai déjà parlé de l’ancienne propriété ixelloise d’Ernest Solvay à ne rater sous aucun prétexte. J’aimerais maintenant vous encourager à visiter le Cercle Gaulois, situé dans le Parc de Bruxelles et inacessible au commun des mortels habituellement. Aujourd’hui, ce club très privé s’ouvre, non seulement aux femmes, mais aussi au grand public. C’est l’occasion pour moi de vous raconter la saga de ce cercle prestigieux au travers de l’ouvrage de Thierry Scaillet et Michel Callier « Le Cercle Royal Gaulois Artistique & Littéraire. Une institution d’exception à Bruxelles »…

C’est le 21 novembre 1847 qu’une centaine de personnalités se réunirent en vue de fonder un nouveau Cercle Artistique et Littéraire sur les cendres de l’ancien Cercle des Arts. Pour mettre sur pied cette nouvelle société, une vingtaine de personnes, dont l’architecte Jean-Pierre Cluysenaar (1811-1880) et le savant Adolphe Quetelet (1796-1874), furent choisies pour composer une commission ad hoc. Cette commission se tint pour la première fois le 23 novembre 1847, date officielle de la création du cercle. Deux résolutions essentielles furent prises lors de cette séance inaugurale. La première fut la nomination d’Adolphe Quetelet à la présidence de cette commission provisoire. La seconde prévoyait que la société s’installerait dans les Galeries Saint-Hubert dès qu’elle regrouperait 150 membres. En réalité, l’association se proposait d’être un espace de rencontres où seraient organisés régulièrement des concerts, des conférences, des expositions. Parmi les orateurs, pointons le Bourgmestre Charles de Brouckère (1796-1860) qui était fort proche de Victor Hugo. En 1854, étant de plus en plus à l’étroit dans ses locaux des Galeries Saint-Hubert, le Cercle Artistique et Littéraire déménagea à la Grand-Place à la Maison du Roi. Pour aboutir, en 1871, au cœur du Parc Royal de Bruxelles, au Waux-Hall, au numéro 5 de la Rue de la Loi (en face du Parlement) qui est toujours, à l’heure actuelle, son adresse…

Quelques temps plus tard, très précisément en 1911, fut créé le Cercle de la Toison d’Or par un groupe d’intellectuels, dont l’avocat Edouard Huysmans. Ce groupement prit le nom de Cercle Gaulois en 1919. Puis, il devint « Royal » en 1937. Et c’est en 1951 que les deux cercles convolèrent en justes noces pour devenir le Cercle Royal Gaulois Artistique & Littéraire, dénomination encore en vigueur aujourd’hui. Comme à ses débuts, s’y retrouvent des diplomates, des entrepreneurs, des magistrats, des avocats, des politiques, des économistes, des journalistes…

Il y a quelques mois, cette institution d’exception, selon Thierry Scaillet et Michel Callier, a connu une petite révolution de palais puisque son Assemblée Générale a décidé d’ouvrir ses rangs aux femmes. Ce séisme peut être comparé à l’intronisation de Marguerite Yourcenar au sein de l’Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique en 1971. Plus de 50 ans plus tard, il était temps que les Gaulois de Bruxelles se mettent au goût du jour. Rappelons que Marguerite de Crayencour, dite « Marguerite Yourcenar », est née le 8 juin 1903 à Bruxelles au numéro 193 de l’Avenue Louise…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

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