Quand Jean-Marie Poiré accueille les Visiteurs de Bruxelles
Si vous adorez le cinéma français, je ne peux que vous conseiller de lire les mémoires de Jean-Marie Poiré : Rire est une fête. Dans cet opus (édité par Michel Lafon), il révèle, de manière très cash, les secrets de tournage de ses films cultes : Les Visiteurs, Le Père Noël est une Ordure, Papy fait de la Résistance… Un récit jubilatoire comme le fut le long entretien que j’ai eu la chance d’avoir avec lui dans sa cuisine à Uccle. Car notre réalisateur, non seulement habite à Bruxelles depuis 15 ans, mais aussi a pris la nationalité belge. J’ai donc voulu tester, pour vous, ses liens avec notre riante métropole. En quelque sorte, le lancement de ma série « Ces Français qui aiment Bruxelles »…
Pour bien comprendre Jean-Marie Poiré (né à Paris le 10 juillet 1945), il faut d’abord se rappeler qu’il est un enfant de la balle puisqu’il est le fils d’Alain Poiré, producteur légendaire de la Gaumont entre 1950 et 2000. Son père rencontrait les plus grandes stars, dont Jacques Brel pour qui il produisit deux films : Mon oncle Benjamin et Les risques du métier. Pas étonnant dès lors que notre Jean-Marie ait bien connu Jacques Brel « qui ne se prenait pas au sérieux ». Il déjeuna également avec Hergé (qui lui avait été présenté par Danièle Thompson). En fait, Alain Poiré connaît Bruxelles depuis longtemps. A une époque, il venait souvent dans notre capitale pour tourner des publicités. C’est ainsi qu’il logeait régulièrement à l’Hôtel Amigo. D’où le nom de sa société Amigo Productions. Il a également tourné Les Anges Gardiens à l’Hôtel Métropole et à la Grand Place. Plus étonnant est qu’il a pu visiter à Uccle, à la Drève de Lorraine, le fameux Château de La Fougeraie (où il envisageait de faire un tournage). Et il a fréquenté Adamo (pour qui il écrivit L’île aux coquelicots). Tout à la fois réalisateur, photographe, scénariste, producteur, acteur, notre homme (dont le mentor fut Michel Audiard) est un boulimique de cinéma…
Par ailleurs, le parcours qui a mené Jean-Marie Poiré à Bruxelles est intéressant à raconter. Au départ, il y a une vingtaine d’années, il souhaitait quitter Paris car « trop sale et trop stressante ». Il s’était mis alors à chercher un autre camp de base en France ou ailleurs. C’est ainsi que ses recherches l’ont mené jusqu’à Bruxelles qui, pour lui, présentait le double avantage d’être « ravissante » et à portée de Paris. « Bruxelles est une ville très verte avec des superbes jardins et des maisons incroyables ». Une fois installé en 2009, il est parti à la découverte des trésors de Bruxelles avec cet esprit de curiosité qui le caractérise. Aujourd’hui, quand il reçoit des « visiteurs » de France, il a l’art de leur concocter un itinéraire incluant les meilleures pépites bruxelloises. Au sommet de ses « merveilles locales », il place le musée des arts du livre et de la reliure, plus connu sous le nom de Wittockiana, à la Rue du Bemel à Woluwe-Saint-Pierre. Il adore également se rendre au musée consacré au peintre belge Antoine Wiertz, situé dans l’ancien atelier de l’artiste, à la Rue Vautier à Ixelles. Puis, que dire des jardins du Musée van Buuren à l’Avenue Errera à Uccle dont il est tombé amoureux ? Au rayon des galeries d’art, il apprécie particulièrement la Galerie Frédérick Mouraux dans le Passage Rivoli en face de la Bascule. Pour finir en beauté, notre guide d’exception amènera sans doute son groupe se sustenter dans une de ces maisons de bouche dont Bruxelles a le secret. Et pourquoi pas Le Passage ou Le Brugmann, nous suggère-t-il. Vous voulez que je vous dise ? Il est temps que Visit.Brussels engage le créateur des Visiteurs pour faire découvrir Bruxelles…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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