Pour tout connaître sur le Soldat Inconnu
En ce 11 novembre 2024, en tant que chroniqueur historique, il m’est impossible de ne pas faire référence à l’armistice de la Première Guerre mondiale. Cette commémoration me fournit l’occasion de rappeler l’histoire de la tombe du Soldat Inconnu située au pied de la Colonne du Congrès et inaugurée il y a très exactement 102 ans, soit le 11 novembre 1922…
Avant de parler du Soldat Inconnu, il est important de préciser que la Colonne du Congrès a été conçue par l’architecte Joseph Poelaert (1817-1879). Celui-ci fut avant tout connu comme étant le génial inventeur du Palais de Justice. Mais il n’y a pas que ça dans son œuvre. C’est ainsi qu’à partir de 1850 et jusqu’en 1859, il se lança dans le projet d’une colonne consacrée au Congrès National et à l’Indépendance. Vu les ambitions de la jeune Belgique, cette colonne se devait d’être plus grande que la Colonne Vendôme à Paris et plus belle que la Colonne Trajane à Rome. Pour la représentation des Provinces en bas-relief, Poelaert fit appel au sculpteur belge Eugène Simonis et, pour la statue en pied de Léopold Ier à placer au sommet de l’édifice, à 47 mètres de hauteur, il collabora avec Joseph Geefs. Il dessina également les plans des hôtels particuliers, de style néo-Renaissance, qui entouraient la Place du Congrès. Ce sont sans doute les premiers témoins de l’architecture éclectique à Bruxelles. Outre la Colonne du Congrès et le Palais de Justice, rappelons que Joseph Poelaert conçut également l’Eglise Notre-Dame de Laeken et qu’il procéda à la reconstruction du Théâtre Royal de la Monnaie (configuration encore en vigueur aujourd’hui).
Ensuite, suivant l’exemple des pays voisins, la Belgique décida, en 1922, de rendre hommage aux victimes des combats de la Première Guerre mondiale au travers d’un soldat anonyme. Celui-ci fut choisi au hasard par Reinold Haesebrouck, vétéran aveugle de la Grande Guerre, parmi cinq cercueils de soldats belges non identifiés. C’est donc le 11 novembre 1922 que la dépouille du Soldat Inconnu fut transportée, dans un train spécial, jusqu’à la Gare du Nord à Bruxelles, où un premier hommage lui fut rendu. A partir de là, le cercueil fut conduit, sur un affût de canon, en procession, à travers la capitale, jusqu’à la Colonne du Congrès. C’est à cet endroit, dans la crypte située juste devant la flamme éternelle, que fut inhumé le Soldat Inconnu en présence des plus hauts dignitaires du pays. Prenant la parole, le Roi Albert Ier rendit hommage à tous les soldats disparus. « Ils sont un symbole tangible de la défense de notre liberté, de notre unité et de notre indépendance, et une garantie de l’existence éternelle de notre patrie ». Une autre époque sans doute…
Paul Grosjean
Chroniqueur historique
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