Chronique n° 66 du 2 décembre 2024

René Pechère était bruxellois dans l’âme… (copyright : CIVA Collections Brussels).

René Pechère fait partie des maîtres paysagers de Bruxelles

Ce mercredi 27 novembre, dans le cadre symbolique du café littéraire de la Galerie Bortier, le Comité Pechère a procédé à la remise du Prix René Pechère 2024. Rappelons que ce prix littéraire met en valeur, tous les deux ans, des livres francophones qui célèbrent, de manière remarquable, l’art du paysage et des jardins. C’est Jacques Moulin, Architecte en Chef des Monuments Historiques de France, qui a reçu le trophée des mains du Président du Jury international, François Chaslin, et du Président du Comité Pechère, Nicolas de Villenfagne. Il a été récompensé pour son livre exceptionnel « Les jardins de Versailles/1623-1715 » (In fine Editions d’Art). En tout cas, cet événement me fournit l’occasion de rappeler l’œuvre monumentale du paysagiste belge René Pechère, particulièrement à Bruxelles…

Né à Ixelles le 12 février 1908 et décédé à Marseille le 9 mai 2002, René Pechère fut l’auteur de plus de 900 jardins privés et publics en Belgique, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. C’est en 1935, à l’âge de 27 ans, qu’il se signala, pour la première fois, à l’attention de l’opinion publique. Il participa à la création des jardins de l’Exposition Universelle sous la direction de Jules Buyssens (qui était alors responsable des parcs de la Ville de Bruxelles et auquel il succéda). Vingt-trois ans plus tard, à l’occasion de l’Expo 58, c’est lui qui conçut et réalisa les aménagements extérieurs de l’exposition universelle. Il atteignit alors la renommée internationale au travers de son Jardin du Congo et de son Jardin des Quatre Saisons.

Mais il serait absurde de réduire l’œuvre de René Pechère aux paysages et jardins des expositions universelles de 1935 et 1958 dans la capitale belge. La Région de Bruxelles-Capitale lui doit, en fait, pléthore d’autres chefs d’œuvre de l’horticulture. Citons, par exemples, le Parc Tomberg à Woluwe-Saint-Lambert et le Parc Tercoigne à Watermael-Boitsfort. Dans les années 60’ et 70’, il signa également les jardins en terrasse du Crédit Communal au Boulevard Pachéco ainsi qu’une composition exceptionnelle au Boulevard de Waterloo (aujourd’hui disparue). Un autre trésor dû à René Pechère est le jardin de la Cité Administrative (qui fut amputé, il y a 3 ans, de 397 arbres avec la bénédiction de la Région de Bruxelles-Capitale). Et si je devais vous conseiller quelques merveilles « pechèriennes » à visiter, je pointerais le Jardin Botanique et le Jardin du Mont des Arts. Mais le top est sans doute à découvrir à Uccle à la Maison van Buuren avec le Labyrinthe et le Jardin du Coeur (à côté du Jardin Pittoresque de son maître Jules Buyssens).

Une chose est sûre : grâce à René Pechère, le terme « Art des Jardins » a pris tout son sens. Comme l’a écrit, au moment de son décès, le grand journaliste Daniel Couvreur, toute son œuvre fut traversée par cette volonté d’actualiser les règles classiques de composition. Pour lui, tout partait des jardins historiques. Sa bibliothèque (qui est maintenant conservée au CIVA) comptait plus de 2.000 ouvrages sur l’art des jardins (dont une pièce rare qui date du XVIe siècle). Sa Grammaire des Jardins, publiée par Racine en 1987, parlait de ses créations comme de décors qui élèvent l’âme. En réalité, la lignée des « grands maîtres paysagers » de Bruxelles se perpétue. Après Jules Buyssens (1872-1958) et René Pechère (1908-2002), il y eut Jean Noël Capart, aujourd’hui retiré. Et maintenant, c’est Anne-Marie Sauvat qui reprend le flambeau horticole de la métropole bruxelloise. On comprend pourquoi les Français sont tellement admiratifs devant les parcs et jardins bruxellois…

Paul Grosjean

Chroniqueur historique

+32 477 336 322

paul@metropaul.brussels

www.tresorsdebruxelles.be